La situation actuelle du pouvoir et les fractions en présence

 

* le cinquième tour des élections présidentielles

Les élections présidentielles du 24 mai 1997 ont confirmé une nouvelle fois les grandes divergences et la paralysie totale du régime de la république islamique d'Iran (RII). Cet événement a prouvé qu'après dix-huit ans de pouvoir, les différentes fractions au pouvoir ne peuvent plus maîtriser leurs différents comme par le passé. Malgré l'intervention directe du conseil constitutionnel (Shorayei Neghahban) et la manière dont il a réussi à présenter quatre candidats de confiance du régime et éliminé deux cent trente quatre candidats, la querelle entre les "intimes" du pouvoir a pris une telle ampleur qu'à plusieurs reprises les bureaux de l'organisation de Khatami (l'actuel président de la RII - ndlr) ont été saccagés et fermés par les partisans de Nategh-Nouri (l'actuel président du parlement et le principal concurrent de Khatami au cours des élections présidentielles - ndlr). Il y a eu même quelques cas où ces partisans ont empêché Khatami à faire son discours.

En fonction de leur influence et de leurs moyens au sein de la population et de l'appareil d'état, chacune des fractions au pouvoir invitait les citoyens à participer aux élections. Même si elles perdaient leur sang froid face aux déclarations de leurs adversaires. Ni Mohammed Khatami n'imaginait de récolter vingt millions de voix face à son concurrent, ni - malgré le soutien de Khameney (le guide suprême - ndlr) et de la plupart des organes du régime - Nategh-Nouri n'imaginait qu'autant de monde lors d'une élection artificielle manifesteraient leur dégoût du régime.

La plupart des forces d'opposition avaient boycotté ces élections mais la population a pris un chemin opposé. Par manque de liens solides et organiques avec la population, les forces d'opposition n'ont pas su évaluer avec justesse l'opinion populaire. Et c'est pour cette raison qu'elles ont invité la population à rester chez elle ou à voter blanc. Cette tactique passive n'a pas été suivie par la population qui souffre énormément des injustices politico-économiques de la RI. Par ce choix, le peuple a montré qu'il veut participer activement à son destin. Il a voté pour Khatami non pas parce qu'il met ses espérances dans la fraction de la bourgeoisie libérale, ni dans ses réformes ni dans ses institutions étatiques. Pour témoigner de son dégoût et de sa répugnance envers le régime de la RII, la population a voté pour un candidat moins soutenu par l'appareil d'état.

Dix-huit ans de vie dure et insupportable sous le régime de la RI ont donné une grande leçon à la population. Elle sait que tant que ce régime sera au pouvoir, elle ne pourra jouer aucun rôle dans l'élection du président de la république ni dans la nomination des responsables des organes et des institutions étatiques. Il est certain que toutes les promesses des dirigeants du régime pour un "avenir meilleur", pour la "liberté" et pour la "démocratie" ne sont que des mots vides de sens pour la population iranienne. A son arrivée, la population avait espoir en Khomeiny. Mais en dix-huit ans de pouvoir, les dirigeants du régime ont prouvé que seul leur intérêt de classe les motive et qu'ils se moquent complètement des besoins et des revendications de la population.

Ces dernières années, la dictature du régime de la RII a imposé une vie lamentable au peuple iranien. Pendant cette période, à mille reprises, cette dictature a dévoilé son visage impopulaire et sa vraie nature. C'est la raison pour laquelle au cours de ces élections, aucune des manoeuvres démagogiques et des initiatives du régime pour cacher ses profondes contradictions n'ont pu aboutir.

La religion est utilisée comme un moyen efficace pour mobiliser la population. Ainsi, pour imposer son pouvoir et son autorité, chacune des deux fractions du régime (la bourgeoisie libérale et la bourgeoisie commerciale) a besoin d'un appareil religieux fort. Privées de cet appareil, elles essayent de se rapprocher des institutions religieuses existantes. Bien évidemment, rien ne différencie ces appareils. Depuis des années, les ayatollahs supérieurs - comme par exemple Montazeri - ont été mis hors jeu et sont depuis-lors sous haute surveillance. Chaque fraction au pouvoir garde cependant des liens avec les institutions religieuses. En d'autres termes, chaque fraction pour faire accepter ses politiques démagogiques dispose d'un appareil religieux comme l'"establishment des cléricaux combattants" et l'"establishement clérical combattant".

 

Establishment des cléricaux combattants

L'establishment des cléricaux combattants est l'organe de propagande et d'agitation ainsi que le bras religieux de la fraction des serviteurs de la reconstruction (Karghozaran Sazandeghi). Les principaux dirigeants de cette fraction sont:

- SEYED HADI KHAMENEY - le frère du guide suprême

- SEYED HASSAN ROUHANI - le vice-président du parlement et secrétaire du Conseil national de sécurité

- SEYED MOHAMMAD KHATAMI - l'actuel président de la république

- HASHEMI RAFSANJANI - l'ex-président de la république et du parlement

- Les frères de VAHABI

- MAHLOUJI - le ministre des mines et de l'industrie

- REYSHAHRI - le gendre de l'ayatollah MECHKINI et l'ancien ministre de l'intérieur

- ASSADOLLAH BADAMCHIAN - le secrétaire d'organisation de la coalition islamique (Jameiyat Heyat Motalefeyet Eslami)

- L'ayatollah KAROUBI

- L'ayatollah TAHERI - l'imam du vendredi de la ville d'Ispahan

- MOUSSAVI KHOEINIHA

- HADI GHAFFARI

- L'ayatollah HAYERI SHIRAZI

Et d'autres comme :

- MARASHI - le beau père de RAFSANJANI

- BEHZAD NABAVI - l'ex-ministre de l'industrie lourde

- MOHAMMAD SALAMATI

- MOHSEN NOURBAKHSH - le directeur de la banque centrale iranienne

- KARBASCHI - le maire de Téhéran

- MOHAMMAD KHAN - le ministre des finances

- ABASSE VAEZ TABASSI - le directeur du monument religieux de la ville de Meshed (dans cette ville se trouve le mausolée du huitième imam des chiites - ndlr)

- l'ayatollah MOHAJERANI

Cette fraction dispose d'une autre institution d'état sous son contrôle et qui est aussi importante que le conseil constitutionnel. Cette organe s'appelle le conseil de discernement. Le conseil constitutionnel est sous le contrôle de la fraction de Khameney. Après la mort de Beheshti (un des théoriciens et fondateurs du régime de la RII - ndlr) jusqu'à la précédente élection présidentielle, personne ne parlait vraiment de cette institution. Mais vers la fin du mandat présidentiel de Rafsanjani, celui-ci en tant que président du conseil de discernement a rassemblé un groupe de ses compagnons dans cette institution. Car si dans l'avenir, le conseil de sauvegarde et le parlement se mettent d'accord pour paralyser le travail de Khatami et des institutions du pouvoir exécutif, le conseil de discernement pourra intervenir en faveur de la fraction de Rafsanjani pour neutraliser le complot. Le conseil de discernement a été crée par l'initiative d'ayatollah Khomeiny. Dans la constitution de la RI, cette institution n'est pas prévue. Le rôle de cet organe est d'empêcher une entente entre le parlement et le conseil constitutionnel dans le but de freiner le travail du pouvoir exécutif. Mais il est probable qu'à l'avenir cette institution intervienne comme partie au conflit. Dans ce cas, le guide suprême devra avoir le dernier mot. Le conseil de discernement est composé de : Hashemi Rafsanjani - le président, Mohsen Nourbakhsh, Agha Zadeh - le ministre du pétrole, Mohammed Hashemi Rafsanjani - le frère du président, Abdollah Nouri, Bijan Namdar Zanghnet, Hassan Habibi - l'adjoint de Rafsanjani et de Hassan Rouhani.

 

Le bureau de Hashemi Rafsanjani

Le bureau de Hashemi Rafsanjani est un des principaux centres de pouvoir de la bourgeoisie libérale ou en d'autres termes les serviteurs de la reconstruction. Ce bureau est le lieu de tous les arrangements, de tous les commerces et de l'obtention des protocoles d'accord (industriels, commerciaux, pétrolier, d'exportation, d'importation, etc). Mohsen Rafsanjani a été nommé à la présidence de ce bureau par un arrêté de son père. Bien entendu le fils dirigeait déjà ce bureau avant même sa nomination. La désignation du fils à ce poste était importante pour la fraction et la famille de Hashemi Rafsanjani. Car ainsi le fils de Rafsanjani, personne de confiance de son père, pourra encore mieux profiter de son influence sur les différents ministères, surtout ceux du pétrole, de l'industrie, des mines et des métaux et du commerce. Aujourd'hui, profitant de son pouvoir et de son influence, Mohsen Rafsanjani contrôle directement toutes les signatures de contrats, toutes les délivrances de certificats de garantie et toutes les adjudications internes et externes. C'est pour cette raison que toutes les autorisations pour l'importation de produits industriels et de consommation courante ou toutes les exportations de pétrole ou de pistaches doivent obtenir l'accord du fils de l'ex-président de la république. Par exemple, pour obtenir un numéro de téléphone portable, il faut disposer obligatoirement un téléphone mobile de marque Nokia. Il faut préciser que le fils de Rafsanjani est l'importateur officiel des téléphones portables de Nokia. Les sociétés appartenant à Hashemi Rafsanjani, comme la société RPCC immatriculée en Allemagne, ont le monopole total d'exportation des pistaches grillées et salées d'Iran. Outre les contrôles sur les biens industriels et de consommation et la conclusion des contrats, la majorité des ambassadeurs iraniens à l'étranger sont sous l'autorité de Mohsen Rafsanjani. Actuellement, pour toute importation effectuée par l'état, la somme en devise doit être fixée au préalable. Mohsen Rafsanjani s'occupe directement non seulement de l'octroi des devises et des autorisations d'importation mais il décide aussi des cas où le montant de la facture dépasse celui décidé au départ. Dans une telle situation, il assure le complément en devises par l'intermédiaire de la caisse spéciale de l'état.

Les documents, les renseignements et les témoignages montrent que le bureau de Rafsanjani tient les rennes de l'économie du pays, et principalement contrôle tout le bazar et les îles de Kish et de Gheshm (ces deux îles bénéficient de réglementations douanières et commerciales spéciales. Elles sont des ports francs - ndlr). Tous les ports et les douanes du pays sont sous la responsabilité de Mohsen Rafsanjani.

Grâce à un important réseau commercial et financier, la bourgeoisie libérale accroît sans arrêt sa marge de manoeuvre. Dans ces circonstances, la fraction concurrente est obligée d'en venir à un accommodement. Il est évident que les mesures de précaution et la survie du système exige leur rapprochement.

L'establishment clérical combattant

Face à la fraction des libéraux, on trouve la fraction de la bourgeoisie commerciale. L'appareil religieux de cette fraction est composé principalement par :

- Hojatoleslam REZA TAGHAVI - le porte-parole de l'establishment clérical combattant

- Seyed HADI KHOSROW SHAHI

- Ayatollah Seyed MOHAMMAD YAZDI - le président du pouvoir judiciaire

- MOUSSAVI ARDABILI

- MAHDAVI KANI

- VELAYATTI - le ministre des affaires étrangères

- NATEGH-NOURI - le président du parlement

- ASGHAR OLADI

- FALLAHIAN - le ministre des renseignements

- Ayatollah MESHKINI - le président de l'assemblée des sages et Imam du vendredi de la ville de Qom

- KHAZALI

- Ayatollah JANNATI - le secrétaire du conseil constitutionnel et un des orateurs permanents des prières du vendredi de la ville de Téhéran

- Emami KASHANI - le porte-parole du conseil constitutionnel

- TORKAN

- MOHSEN REZAEI - le commandant des gardiens de la révolution islamique

- KAMAL KHARAZI

- HOSSEIN ALLAH KARAM - le commandant des groupes d'Ansar Hezbollah

- Haj Agha BAKHCHI

- Ayatollah KHAMENEY - le guide suprême du régime de la RII

- MOVAHEDI KERMANI

- Ayatollah JAVADI AMOLI

- FROUZESH

Mais l'organe qui se trouve au-dessus des pouvoirs exécutif et législatif est le conseil constitutionnel. Ce conseil constitutionnel est sous l'influence directe de l'ayatollah Khameney.

 

Le conseil constitutionnel

D'après l'article 99 de la constitution de la RII, le conseil constitutionnel a la responsabilité de la surveillance et du contrôle des élections présidentielles et du parlement. La constitution de la RI prévoit que le conseil constitutionnel doit nommer un comité neutre pour surveiller les élections. Mais aujourd'hui ce conseil est composé de douze membres (six responsables religieux et six juristes). Les membres religieux sont désignés par Khameney. Le président du pouvoir judiciaire (ayatollah Yazdi), qui est lui-même désigné par Khameney, désigne les 6 juristes. Par conséquent la "démocratie" et l'"impartialité" prétendues par le régime dépendent de l'équipe qui se tient au sommet du pouvoir. Ainsi celui qui occupe le rang le plus élevé dans la hiérarchie religieuse dispose aussi du droit d'interpréter des conceptions comme la "démocratie" et l'"impartialité" au profit des intérêts de sa fraction.

Ces dernières années, à cause de ses interventions directes dans les affaires du parlement et des instances législatives, le conseil constitutionnel a pu acquérir de l'autorité auprès des dirigeants du régime. L'ayatollah Ahmad Jannati, secrétaire du conseil et un des orateurs permanents de la prière du vendredi de la ville de Téhéran fait partie des personnages forts du conseil constitutionnel. Et normalement, quand le pouvoir doit prendre une nouvelle orientation pour une affaire intérieure, extérieure ou quand il doit attaquer les pays occidentaux, les déclarations et les prises de positions de Jannati sont considérées comme celles de Khameney. D'après la constitution de la RI, le principal devoir du conseil constitutionnel est l'examen de la conformité des lois avec les principes islamiques et la constitution. La confirmation de la validité des candidatures aux élections présidentielles et législatives fait partie des autres pouvoirs de cette institution. Le droit d'acceptation ou de refus d'une candidature n'est assorti d'aucune obligation de motivation. Par exemple, le conseil constitutionnel a refusé la compétence de Sadegh Khalkhali (l'ancien député de la ville de Qom et juge sans rival pendant les premières années de la révolution islamique). Khalkhali et ses partisans qui à l'époque avaient un rôle et un rang équivalent à celui de Hossein Allah Karam (le commandant du groupe terroriste "Ansar Hezbollah") aujourd'hui, n'ont pu protester contre ce verdict. Au point de vue religieux, la composition du conseil constitutionnel face au conseil de discernement est plus forte. Car dans le conseil constitutionnel se trouve des ayatollahs comme Ahmad Jannati (l'actuel secrétaire et un des cerveaux de cet organe) qui est nommé par Khameney. Celui-ci compare le pouvoir du conseil constitutionnel à celui d'un juge d'instruction. Par cette comparaison, il veut dire que ce conseil doit et peut intervenir dans les cas en contradiction avec les principes islamiques. Bien que d'après l'article 23 de la constitution de la RII, l'état n'a pas le droit de faire des recherches sur les croyances des citoyens, le conseil constitutionnel estime qu'en pratique un engagement pour Velayatte Faghih - VF (autorité suprême du docteur religieux le plus compétent en qualité de représentant du prophète ou de douzième imam des chiites qui est caché - ndlr) est nécessaire. On se demande comment ce respect et cet engagement au VF peuvent être connus sans inquisition ni enquête ?

Dans le régime de la RII, le pouvoir judiciaire, qui doit en principe être "indépendant", relève du contrôle de l'ayatollah Yazdi. En réalité ce pouvoir est placé sous l'autorité du conseil constitutionnel. Ce conseil en le plaçant sous son contrôle met en question l'indépendance des pouvoirs législatif et exécutif. Dans ses jugements, le conseil constitutionnel ne se sent pas obligé de respecter la législation en vigueur de la RII et impose ses décisions comme étant des lois divines. Par exemple, alors que les verdicts rendus par les tribunaux du régime sont passibles d'appel, il est impossible de faire appel des décisions de ce conseil. Ainsi ce conseil selon ses constatations ou d'après les intérêts de tel ou telle fraction (comme il l'a fait par le passé) accuse sans prendre l'avis des organes judiciaires et juridiques. En d'autres termes, le conseil constitutionnel impose ses décisions comme des arrêts divins. Actuellement ce conseil détient un pouvoir plus important que celui prévu dans la constitution. D'après la législation de la RI, le droit de veto du conseil constitutionnel est un acte illégal mais au cours de chaque campagne électorale cet organe utilise son veto sous prétexte du "respect envers l'engagement pratique à l'islam et à VF". En plus, toute déclaration opposée au VF constitue un délit impardonnable.

D'après la constitution de la RI, les députés de l'assemblée sont élus directement par la population, le conseil constitutionnel ayant seulement un pouvoir de surveillance des élections. Ces dernières années pourtant, ce conseil a tenté à plusieurs reprises de légitimer son droit de veto. Malgré tous ses efforts, ses seuls succès concernent quelques alinéas qu'il a pu faire adopter par le parlement à propos des lois pour les élections de l'assemblée; ces alinéas n'ont pas pu être considérés comme lui accordant un droit de veto.

Les dirigeants des deux fractions au pouvoir se sont rapprochés pendant une courte période, après la mort de Khomeiny, surtout à l'époque des arrangements secrets sur son testament, pour apporter des retouches à la succession. A cette période, l'ayatollah Mechkini, le président de l'assemblée des sages (Majlis khebreghan), a joué un rôle déterminant dans les falsifications du testament de Khomeiny.

Khomeiny mort, sa famille a été écartée de la scène politique. Pendant qu'Ahmad (le fils de Khomeiny) était encore en vie, pour respecter les apparences, Khameney et Rafsanjani invitaient parfois le "souvenir" de l'imam à participer au jeu politique, mais seulement pendant les réceptions et les cérémonies non-officielles.

 

La famille de l'imam Khomeiny

Avant la mort de Ahmad Khomeiny, qui en était devenu le leader, la famille de l'imam avait presque perdu son influence. A présent, de cette famille et dynastie, il ne reste que Seyed Hassan Khomeiny (le fils d'Ahmad Khomeiny). Personne ne prend au sérieux le petit-fils de Khomeiny. En d'autres termes, il ne reste aujourd'hui ni vigne ni vignoble de la famille de l'imam. A l'heure actuelle, la suprématie et le crédit de la famille de Khomeiny se limite seulement à la gestion du mausolée de Khomeiny et aux affaires entourant le grand cimetière de Behesht Zahra au sud de Téhéran.

La famille de Khomeiny a été remplacée par la famille du nouvel imam (Khameney). Mehdi Gholpayeghani préside le bureau du nouvel imam. Ce bureau a pour tâche de coordonner les organes partisans de Khameney et s'occupe des affaires extérieures. Khameney se considère comme le guide spirituel vis-à-vis des adeptes étrangers. Et pour le pays il laisse délibérément ce rôle aux ayatollahs compétents. Etre le guide spirituel des adeptes étrangers revêt un sens plus politique que religieux. C'est pour cette raison que les adeptes de Khameney arrivant en Iran changent de guide spirituel et en choisissent un autre dans le pays. Cette vision est en contradiction avec les lois fondamentales de l'islam en la matière ainsi qu'avec celles de Khomeiny

 

L'école de Feyziyet et le centre d'instruction religieuse de Qom

En 1963, après un discours de Khomeiny, l'école de Feyziyet à Qom est entrée sur la scène politique. Toute la lutte et l'histoire de cette institution religieuse se résument à l'intervention militaire du régime du Shah au cours d'un discours de Khomeiny. Après l'exil de Khomeiny en Turquie puis en Irak, cette école n'a pas joué un grande rôle dans les luttes politiques. C'est plutôt le centre d'instruction religieuse de Qom qui a eu un rôle actif dans ce domaine. Ces dernières années, le centre était toujours sous l'influence de la bourgeoisie commerciale. Aujourd'hui, pour conserver sa position et son autorité, le centre - basé sur les principes du chiisme - soutient VF et le système politique. Quatre-vingt pour cent des étudiants en théologie du centre sont originaires du Pakistan, d'Afghanistan, des pays arabes et d'Afrique. Lorsque ces étudiants terminent leur études et ont acquis connaissance des principes de VF et de l'actuel système politique en Iran, ils retournent dans leur pays pour accomplir leur mission.

 

Les gardiens de la révolution islamique

Les gardiens de la révolution (GR) islamique sont considérés comme une force parallèle à l'armée de la RII. La structure de cet organe est complètement différente de celle de l'armée. Une des différences réside dans le mode de recrutement de la branche militaire, qui se fait par "mobilisation des gardiens de la révolution". L'armée de la RI est privée de ce pouvoir. Les gardiens de la révolution sont considérés comme une force armée et idéologique. C'est pour cette raison qu'ils bénéficient de la confiance des dirigeants du régime et assument la responsabilité première dans la répression des forces opposées au régime. Aujourd'hui le pouvoir militaire des gardiens de la révolution s'étend à tout le territoire. En principe les gardiens de la révolution n'ont pas fait de grandes études. Les critères de nomination de leurs commandants ne reposent pas sur leurs connaissances et leur spécialisation mais plutôt sur la relation de confiance avec tel ou tel ayatollah. Par le passé, les dirigeants des GR appartenaient à la petite bourgeoisie. Mais ces personnes récemment enrichies viennent de rejoindre les différentes fractions de la bourgeoisie bien qu'elles n'aient pas encore acquis la culture de cette classe. Les GR tirent leur autorité et leur pouvoir du pouvoir exécutif et aussi de l'imam en personne. En comparaison avec l'armée, les GR sont plus proches de la population, ce qui est lié à leur origine sociale et répond également à leur volonté de se doter d'une bonne image. Le régime n'a pas confiance en l'armée. De ce fait, les GR sont à l'avant-garde dans tous les domaines militaires et ont le dernier mot en matière militaire et répressive.

Pour ce qui est de l'équipement logistique et du budget, les GR ont priorité sur l'armée. Pendant la guerre Iran-Irak, les GR parlaient régulièrement de la victoire (même s'ils subissaient une défaite) mais les premières victimes survenaient toujours dans les rangs de l'armée. Par exemple, dans la guerre Iran-Irak ou lors des accrochages au Kurdistan, l'armée passait d'abord à l'attaque et subissait de lourdes pertes. Après cette attaque, une fois les positions des forces adverses identifiées, les GR intervenaient. Le but de cette discrimination était de préserver les forces des GR, les Bassijis (les milices - ndlr) et d'autres éléments fidèles au régime. Certains des fils des ayatollahs ou d'autres responsables du régime entrent dans les organismes militaires du régime. Dans l'ensemble, pour préserver l'intérêt de classe, ils choisissent toujours les GR. Si par hasard ils se retrouvent au sein de l'armée, c'est pour surveiller cet organe ou l'espionner au profit des GR.

Concernant les achats militaires, à la différence de l'armée, aucun contrôle officiel n'est effectué sur les GR. Une grande partie des achats des GR est payée comptant par les intermédiaires professionnels. Ces transaction fournissent toujours prétexte à des détournements de fond au profit des commandants des GR. Récemment, un des hauts responsables des GR, Bijan Shafigh a été condamné pour le détournement de centaines de millions d'U.S. Dollars.

L'ayatollah Khameney s'occupe personnellement du budget secret (montant et règlement). La majorité des GR n'a pas les connaissances nécessaires mais les dirigeants du régime n'ont pas confiance dans l'armée et sont inquiets de l'avenir, d'un soulèvement ou d'une insurrection populaire. De ce fait, les GR disposent de forces terrestres, aériennes et maritimes. A coté des GR, on trouve les tribunaux de la révolution islamique. Ils font partie intégrante du pouvoir des GR.

L'influence et le contrôle des GR ne se limitent pas aux forces de l'ordre. Les GR ont étendu leur contrôle aux institutions étatiques et aux ministères. Les associations islamiques et les services des gardes officiels répondent aux ordres des GR. Ces institutions contrôlent les ministères, les administrations étatiques et semi-étatiques dont la majorité de leurs recrues doit être confirmés par les GR.

 

Comment se situent les différents organes du régime par rapport aux fractions au pouvoir

 

* Les partisans de la fraction des serviteurs de la reconstruction (Karghozaran Sazandeghi)

 

L'ensemble des déclarations, les prises de positions et la pratique des différents organes montrent que si des luttes politico-idéologiques aiguës surgissent, luttes qui peuvent aboutir à l'élimination d'une des fractions du pouvoir, les organes ci-dessous seront face à face avec ceux qui dépendent des autres fractions. La fraction de Rafsanjani, (les serviteurs de la reconstruction), peut les mobiliser dans sa lutte et sa propagande contre la fraction adverse (Khameney) :

1) La banque centrale et tout le système bancaire

2) L'assemblée générale des banques, le conseil supérieur de la monnaie et du crédit

3) Le ministère des finances et de l'économie

4) Le ministère des mines et des métaux

5) Le ministère du commerce

6) L'administration des douanes

7) Le ministère de l'industrie

8) La chambre de commerce

9) Les mairies (Téhéran et d'autres villes)

10) L'université libre

11) Le centre du développement des exportations (du tapis, du caviar, de la pistache et d'autres produits non-pétroliers)

12) L'UNESCO

13) Les bureaux juridiques dans tous les pays étrangers

14) Les maisons d'Iran à l'étranger

15) Le conseil de discernement

16) L'establishment des clergés combattants

17) La maison ouvrière

18) L'association des femmes iraniennes

19) Le comité olympique et le comité d'organisation des rencontres sportives

20) L'office de la consolidation de l'unité (Daftar tahkim vahdat)

A ces institutions, il faut aussi ajouter l'armée. Car, face au pouvoir illimité des GR, une partie des forces de l'armée préfère soutenir la fraction des serviteurs de la reconstruction.

 

Les partisans de la fraction de la bourgeoisie commerciale (Khameney)

1) Les branches idéologiques, les sections politico-idéologiques au sein des forces ar-mées, des forces de l'ordre, les associations islamiques dans tous les ministères, les institutions étatiques, bancaires, etc.

2) Les différentes branches armées des GR et des Bassijis (anciens combattants), organisation de la coalition islamique (les Fedaïs de l'islam, les mouvements islamiques actifs dans le monde entier)

3) Les sections financières: le comité d'aide de l'imam, la branche des charités et la fondation du 5 juin, le compte n° 100 de l'imam, la fondation des déshérites, les lieux saints, la fondation du logement

4) Les sections économiques de la fondation des déshérites, les combattants et la fon-dation des martyres

5) Les sections religieuses-sociales, le centre d'instruction religieuse de Qom, l'école de Feyziyet, les imams du vendredi, le comité organisateur des manifestations

6) Le service des renseignements, l'administration de la sécurité et de la surveillance dans tous les ministères, institutions, organisations, organes étatiques et privés

7) Le comité spécial de lutte contre les organisations politiques et les personnalités con-nues de l'opposition

8) La branche culturelle du mouvement d'alphabétisation

9) Le conseil supérieur de la révolution culturelle

10) Les agences de presse de la RII

11) La radio et la télévision

Il faut ajouter à cette liste les GR, les Bassijis, le ministère des renseignements et de la sécurité (SAWAMA).

 

La fraction appelée fraction de la droite traditionnelle

"La droite traditionnelle" (les fossiles) est généralement en concurrence économique avec la fraction de la "droite moderne" de Rafsanjani. Cette fraction a sa base dans le bazar, parmi les couches arriérées de la bourgeoisie traditionnelle. Au cours du deuxième mandat présidentiel de Rafsanjani, à certaines périodes, cette fraction a pu se joindre le conseil constitutionnel, le ministère de l'intérieure et l'establishment clérical combattant. Et avec la majorité des sièges au parlement ainsi obtenue, elle est passée à l'attaque contre Rafsanjani. Ces attaques ont pris une telle ampleur qu'à un moment donné Rafsanjani, pour sauver sa fraction, a pensé conclure un accord avec l'establishment clérical combattant visant à présenter une liste commune à l'occasion des élections législatives. Cette tentative de Rafsanjani n'a pas abouti. Ainsi Rafsanjani n'a pas pu partager la majorité des sièges du parlement entre la "droite moderne" et la bourgeoisie commerciale. Dès le départ, le plan de Rafsanjani était voué à l'échec. Car quand Nategh-Nouri, en tant que président du parlement et opposant au plan de Rafsanjani, en a été informé, il a déclaré que si certains des responsables du pouvoir exécutif le souhaitaient, ils pourraient présenter des candidats au cinquième tour des élections. Suite à cette prise de position de Nategh-Nouri, Rafsanjani a pensé que le temps était venu d'affronter la droite traditionnelle. En partant de cette idée, Rafsanjani a demandé à seize de ses ministres et adjoints de faire une déclaration commune indiquant qu'ils présenteraient une liste indépendante aux élection législatives. Cette déclaration des partisans de Rafsanjani a rencontré une forte réaction de la droite traditionnelle. Cent cinquante députés du parlement ont exprimé dans une lettre une position ferme face à la déclaration des Seize. Ils ont estimé que la déclaration en question était une insulte faite aux parlementaires et ils ont demandé à la fraction de KS ainsi qu'au maire de Téhéran, qui avait signé la déclaration, de présenter leurs excuses au parlement dans les plus brefs délais. Suite à ces démarches, Movahedi Savaji, une des député de la droite traditionnelle a menacé Rafsanjani et lui a demandé d'arrêter de soutenir la déclaration. Sinon, le parlement le destituerait de son poste.

A la suite de ces événements, Khameney est entré en scène. Apportant son soutien à la droite traditionnelle, il a demandé à Rafsanjani que les serviteurs de la reconstruction révisent leur ligne de conduite. Dans leur première déclaration , ils avaient exagéré le rôle joué par Rafsanjani et avaient indiqué que : "le parlement est né avec Rafsanjani, a atteint la maturité avec Rafsanjani et a enfin connu la perfection avec Rafsanjani". Après que les deux fractions eurent rencontré Khameney, les serviteurs de la reconstruction ont été obligés d'émettre une nouvelle déclaration indiquant "nous sommes tous les serviteurs de la nation. Après les analyses que nous avons faites et surtout suite aux conseils de notre guide suprême, nous les ministres signataires renonçons à la publication de la liste des candidats ......".

Ainsi, dans sa lutte contre Rafsanjani, la fraction de la droite traditionnelle a démontré qui possède la base et l'autorité nécessaire au sein de l'appareil dirigeant et du parlement. A la suite de ces querelles, Rafsanjani a été obligé de se rapprocher de plus en plus des couches bureaucrates et libérales, bien qu'il prenne avec ce rapprochement un énorme risque.

 

La corruption et les détournements de fonds dans l'appareil d'état

Les partisans de la fraction des serviteurs de la reconstruction (couche bureaucrate) sont plus engagés dans le domaine exécutif. Par conséquent leur corruption financière et leurs détournements de fonds laissent toujours la trace des responsables. La droite traditionnelle ou le bazar commettent les mêmes malversations mais avec moins de bruit et de scandale. Par exemple la fraction de la droite traditionnelle présidée par Asghar Oladi s'occupe en général de l'importation des produits de consommation courante et des appareils électroménagers. Asghar Oladi est un des grands exportateurs de raisins secs vers l'étranger : il exporte 3 mille tonnes par an seulement pour la France, auxquelles il faut rajouter les exportations de raisins secs pour l'Allemagne, l'Algérie par l'intermédiaire des sociétés françaises, polonaises, etc. Il contrôle presque tout l'import-export du pays. De ce fait, dès le lendemain de l'arrivée au pouvoir du clergé, il n'accepta que des fonctions au sein du ministère du commerce, de la chambre de commerce et de la chambre des commerçants. En d'autres termes, il accepte des fonctions en rapport avec l'argent et le commerce. Grâce à son influence au sein de l'appareil d'état, tous les réseaux de transport du pays sont aujourd'hui au service de l'import-export. Exemple de la société maritime de la RI et de l'administration des douanes. L'usage de ces services par Asghar Oladi n'est pas conforme à la législation en vigueur. En réalité, il ne paie ni les frais de transport usuels, ni les taxes de douane, ni les frais de dédouanement. Cette violation intervient de la manière suivante : Asghar Oladi, en tant que ministre du commerce ou directeur de la chambre de commerce ou autre, profite de son influence et décide que la société maritime de la RII, pour "encourager les exportateurs", au lieu de recevoir 170$ par tonne de raisins secs à destination de la France ne recevra que 45$. Ensuite, il lance une campagne de publicité à la radio et à la télévision pour prouver que l'état aide les exportateurs! Tandis que cette loi n'est qu'une vol flagrant car 80% de l'exportation de raisins secs passe par Asghar Oladi. Lui seul peut donc profiter de cet "avantage à l'exportation et à l'encouragement des exportateurs".

La spéculation sur l'huile, le fromage et d'autres produits alimentaires, qui pousse régulièrement le pays jusqu'à la famine, rapporte des centaines de millions de $ à Asghar Oladi et sa fraction. Comme conséquence de cet enrichissement honteux, des milliers de famille sont privées de moyens d'existence. A cause de cet aventurisme financier, des milliers de familles souffrent de malnutrition.

Dans un prochain article, nous approfondirons à travers des exemples précis les conséquences de l'enrichissements des dirigeants du régime sur la vie quotidienne de la population. Ce que nous voulions démontrer dans ces lignes, c'est l'étendue de la corruption financière du système et principalement de la droite traditionnelle. Au niveau de la fraction de Rafsanjani, le cas est diffèrent. Les preuves de corruption dans la fraction de KS peuvent être démontrées. Par exemple l'ex-ministre du pétrole puis des PTT Gharazi est l'un des intermédiaires professionnels. Pendant qu'il exerçait des responsabilités ministérielles, il intervenait directement dans toutes les opérations d'import-export et les achats de ses ministères. D'après nos renseignements, il a presque signé tous les contrats puis a reçu des commissions sur ses différents comptes à l'étranger. Ces derniers mois, les journaux iraniens ont provoqué un scandale en révélant les commissions perçues par Rafsanjani et sa fraction. Récemment, avec l'arrivée de Khatami à la présidence de la république, les journaux ont dévoilé les centaines de millions de commissions perçues par Gharazi. D'après des sources sûres, depuis qu'il a obtenu le ministère des PTT et du pétrole (et ses entreprises publiques dépendantes pour le gaz, la pétrochimie...), il a reçu des centaines de millions de $ de commissions. Reste à évaluer les bénéfices obtenus dans l'importation de fax et de téléphones mobiles, en association avec le fils de Rafsanjani.

 

Le gouvernement de Khatami et son avenir

L'histoire des derniers siècles en général et des dernières décennies d'Iran en particulier démontrent que chaque fois que la population s'est soulevée pour défendre ses intérêts, les détenteurs du pouvoir et du capital l'ont réprimée avec férocité. La démocratie prétendue par les capitalistes, qu'elle ait forme islamique ou non-islamique, n'est que la dictature de la bourgeoisie contre la classe ouvrière et toutes les couches laborieuses de la société. En Iran, les fractions de la bourgeoisie libérale et commerciale au pouvoir, après l'instauration du régime, ont promis à plusieurs reprises la "démocratie" et la "liberté". Les médias répètent à tout instant les fausses et démagogiques promesses faites par les dirigeants du régime à la population "déshéritée" afin de pouvoir mieux l'exploiter. Pour enrichir les nouveaux venus du pouvoir, des millions de personnes appartenant aux masses opprimées ont été expédiées sur le front d'une guerre inhumaine avec l'Irak. Des centaines de milliers d'entre elles ont été tuées afin que "la révolution islamique" soit exportée, afin que "la démocratie islamique pure" soit instaurée et que, la ville de "Jérusalem" une fois conquise, le drapeau de l'Islam soit hissé sur ce territoire! Aujourd'hui, cette période est finie. La guerre, la dictature, la pauvreté économique et d'autres maux engendrés par le régime depuis dix-huit ans ont bien ouvert les yeux de tout le monde. Aujourd'hui, la prétendue démocratie du régime est bien dévoilée et la population en constate les conséquences dans la course à l'enrichissement, dans la corruption et dans la spéculation. A présent, la population saisit facilement que les fausses promesses des fondateurs du régime pour l'instauration d'un régime de justice divine ne visaient en réalité qu'à réaliser des bénéfices au profit des dirigeants du régime, des impérialistes, des industriels et des intermédiaires internationaux. La population ne fait plus confiance au régime et personne ne peut la calmer par des promesses sans contenu.

A la différence des autres présidents de la république et premiers ministres qui, sous prétexte de la "guerre" et de la "lutte contre les contre-révolutionnaires", pouvaient tranquillement réprimer la population, Khatami est entré en scène avec un slogan que ni lui ni ses prédécesseurs, de par leur nature, ne peuvent respecter. Pour la population iranienne, Le slogan de la "démocratie" et de la "liberté" est bien plus concret que la "conquête du Jérusalem". La population va lutter pour la réalisation de telles revendications. Elle sent la nécessité de ces demandes. Tandis que "la conquête de Jérusalem" en passant par Kerbala et Bagdad n'était qu'illusion. La population a déjà subi les conséquences de politiques irréalistes qui ont laissé dans ses rangs des millions de tués, de blessés, de chômeurs et de sans-abri. Le nouveau président ne bénéficie pas du soutien ou de l'appui "divin" de l'imam. Il faut préciser aussi que la nouvelle génération ne croit plus aux miracles et autres prodiges religieux. En plus, devant les promesses de liberté et de démocratie, la population oublie complètement les utopies. Aujourd'hui la population présente des demandes qui sont directement liées à sa vie quotidienne. Par conséquent, si pour Khatami la "démocratie" et la "liberté" ne sont que des promesses sans contenu pour tromper la population, cette fois-ci la masse laborieuse, plus nombreuse que par le passé, descendra dans les rues. Et ainsi Khatami, ce nouveau précurseur de la "démocratie" et de la "liberté", paiera le prix de ses mensonges.

Dans ce cas, Khatami sera confronté à une situation critique. D'une part, il ne pourra pas se libérer de sa dépendance envers les libéraux (dont, en principe, il ne veut pas se couper) et d'autre part ses déclarations d'opposition à l'égard de VF pourront l'isoler au sein d'une grand partie du clergé. Et cela peut provoquer un conflit sans fin. En outre, la croissance des contradictions au sein du régime constituera un obstacle à ses propagandes démagogiques. Ainsi le nouveau président sera placé face à un choix difficile : ou bien il oubliera ses promesses, ou bien - s'il veut tenir compte de son propre avenir - il devra éviter de participer à la répression de la population. Ce qui l'isolera dans l'appareil de l'Etat.

Face à cette situation, il ne reste qu'une seule voie ouverte à la population : renverser le régime de la RII et instaurer un régime démocratique.

 

Article paru dans KAR - Organe de l'OGFPI - Printemps 1997