KHATAMI a composé son cabinet .

Echec assuré

 

La présentation du gouvernement de Khatami et sa composition a encore démontré que la désignation de celui-ci était le résultat d'une entente entre les différentes fractions au pouvoir. Avec le soutien inconditionnel par Khatami du régime de la république islamique d'Iran (RII) ainsi que de ses dirigeants avant et après les élections, il était tout à fait évident qu'il désignerait des éléments fidèles et dépendants du système. La présence de 5 anciens ministres du gouvernement de Rafsanjani (l'ex-president de la république) et de nombreux adjoints et directeurs du précédent gouvenement prouve que Khatami aussi est un des pions inséparables du régime dictatorial de la RII.

Il a seulement suffit de quelques semaines pour que les compromis voilés de Khatami soient rendus publics et que ses promesses faites pendant la campagne présidentielle perdent toute sa crédibilité. Voulant calmer la population, les dirigeants du régime l'invitent à rester chez elle et être patiente. Car, par expérience, ils savent que c'est seulement en écartant la population de la scène politico-sociale qu'ils pourront ignorer les revendications de la population. Et ainsi, comme dans le passé, la population devra attendre les décisions du guide, du président de la république et d'autres responsables du régime.

Le passé et la carrière de chacun des membres du cabinet de Khatami montrent qu'au cours de ces longues années, ils furent actifs dans la répression de la population. Ceci a suscité de nombreuses protestations et de la répugnance auprès de la population. Des éléments connus comme Abdollah Nourri (ministre de l'interieur), Kamali (ministre du travail), Kalantari (ministre de l'agriculture), Schaffeyei (ministre de l'industrie), Schouschtari, Aghazadeh (responsable du bureau des recherches stratégiques), etc. ne peuvent pas renforcer la position du président de la république. Par contre, la population découvre qu'aujourd'hui son vote en faveur de Khatami est devenu un outil d'entente et de compromis entre la fraction de la bourgeoisie libérale et la bourgeoisie traditionnelle. Les millions d'électeurs de Khatami découvrent que les promesses de Khatami concernant la liberté pour les jeunes, pour les femmes et la participation de la population à son destin, étaient sans contenu et de la pure démagogie. Car depuis son arrivée au pouvoir, ils ne constatent aucun changement dans le domaine des libertés politico-sociales. Le vote des femmes fut très déterminant pour l'élection de Khatami. Elles subissent toujours les mêmes oppressions. Le seul changement est la nomination d'une femme au poste de vice-ministre de l'environnement. Evidement, cette femme, Mme Massoumet Ebtekhar s'accommode complètement de la législation réactionnaire en vigueur dans la RII. Aujourd'hui, en Iran même la femme du président de la république n'a pas le droit d'exprimer ce qu'elle pense, ni de s'habiller comme elle le veut. Le sort des autres femmes est évident. Aujourd'hui, concernant le droit des femmes, Khatami est obligé de se limiter à des généralités. Actuellement, Khatami vient de prendre l'opposition pour cible et comme ses prédécesseurs accuse la "contre-révolution" de lui mettre des bâtons dans les roues.

Le conseil constitutionnel (Shorayet Neghahban), l'organe tout-puissant qui n'a retenu que 4 candidats parmi les 238 pour les élections présidentielles et en a ensuite éliminé 2 de plus, vient de mettre Khatami aujourd'hui au pied du mur. La carrière et le passé de l'actuel président de la république ne montre aucune désobéissance au guide de la révolution, ni aucune violation des principes fondamentaux de la RII, ni aucune opposition aux dirigeants du régime, cependant trois soupapes de sécurité contrôlent Khatami, dont deux d'entre elles bénéficient de la faveur divine:

1) Le conseil constitutionnel, qui se considère comme le représentant unique de dieu sur terre.

2) Khameney - le guide et le successeur de Khomeiny. Celui-ci face à ses adversaire bénéficie des instructions divines.

3) Le conseil du discernement (Shorayet Alieh Tashkhisse Masslahat). Depuis l'élection de Khatami, cet organe est d'actualité et l'ex-president Rafsanjani, président de ce conseil, préfère le garder comme un outil de pression contre l'actuel président de la république.

La population ne se fait aucune illusion sur Khatami. Sous le régime de la RII, comme dans tous les régimes capitalistes, le rôle de la population dans la vie politique du pays est limité à sa participation aux élections épisodiques. Ainsi elle peut introduire ses bulletins dans les urnes pour élire un représentant des classes favorisées et répressives. Bien que la population a l'expérience de 18 années de pouvoir démagogique de la RII et principalement des promesses du gouvernement de Rafsanjani, elle manque encore de l'organisation nécessaire pour pouvoir se défendre face aux mensonges de la bourgeoisie. D'après l'avis de tous les experts politiques, les 20 millions de votes introduits dans les urnes en faveur de Khatami doivent être considérés comme l'opposition de 20 millions Iraniens au régime de la RI. Face à cette réalité, Khatami préfère cependant se placer au coté du régime que de ses 20 millions électeurs. Khatami fait ce choix en pleine conscience. Ce choix est le résultat de son appartenance de classe.

L'espoir de ceux qui garderaient encore espoir en Khatami, vient d'être réduit en néant avec la présentation du cabinet. Le rejet progressif mais en même temps rapide de la population envers Khatami a démontré que le temps des slogans s'est déjà achevé. Aujourd'hui, chacun est jugé par rapport à sa pratique. Depuis 18 ans, la population iranienne subit les conséquences de la pauvreté et de la misère généralisée. Aujourd'hui elle sait qu'un simple changement de personnes n'apportera rien. Les événements à venir démontreront que toutes les promesses de Khatami étaient faites pour gagner des voix et il n'y a aucune garantie pour l'exécution des programmes présentés.

Il ne faut pas qu'oublier que la politique du nouveau gouvernement et les perspectives du régime de la RI pour l'avenir est un leçon pour les organisation soit disant de l'opposition qui tentent d'arriver à un compromis avec le régime. Dans les conditions actuelles, les déclaration de soutien de certaines organisations qui dans le passé se sont placées au coté du régime et ont pris les armes contre les forces de l'opposition, n'auront aucunes conséquences positives pour Khatami. Par contre, elles affaibliront la position de ce dernier dans ses conflits avec la fraction de la bourgeoisie traditionnelle. La population n'oubliera jamais les crimes du régime de la RI, ni celle de ses collaborateurs.

Dans la situation actuelle et d'après les témoignages et les analyses, Khatami n'a pas le pouvoir et l'autorité nécessaire au sein de l'état. Si Khatami veut avoir un vrai pouvoir, il doit s'appuyer sur les voix de ses 20 millions d'électeurs et prendre ses distances du guide, du conseil constitutionnel, des gardiens de la révolution, du parlement (Majlis), etc. A cause de son appartenance de classe, Khatami ne peut pas prendre une telle initiative. A l'avenir, Khatami sera obligé de se placer au coté des autres fractions au pouvoir. S'il lui reste un minimum d'honnêteté, il doit poser sa démission du poste du président de la république et laisser la population prendre l'initiative.

 

Article paru dans KAR - L'organe de l'OGFPI - Eté 1997